Exposition à Mâcon en 2004
Article "Les mille et un visages de Jean-Paul Perrenx" de Monic Coutheron: «Le contraste entre la silhouette massive à la Depardieu et la douceur du regard surprend. Après la visite de l’exposition, il accepte de poser, un peu solennel, entre deux toiles, deux visages géants et lunaires. C’est à ce moment que l’on pense avoir trouvé l’une des clefs de l’énigme Perrenx. L’an dernier, il était déjà à Cluny et beaucoup s’étaient alors interrogés devant sa série de « dormeurs » où la même scène était peinte inlassablement, identique dans le thème certes, mais à chaque fois unique. Le lion et les dormeurs sont à la même place mais les couleurs, les contrastes et les lumières changent et font que l’on oublie aussitôt le précédent pour se fondre entièrement dans le dernier.
Jean-Paul Perrenx travaille toujours par thèmes et sans cesse, il recommence obstinément le même tableau. Il le répète, comme un pianiste qui ferait des gammes dont les sons changeraient de couleur et d’univers. Il peut peindre de 30 à 300 toiles sur le même sujet. Il ne s’explique pas ce geste répétitif, il sait seulement qu’il doit le faire. Chaque toile raconte pourtant une nouvelle histoire, et les visages évoluent sans cesse, passant de l’étonnement à la contemplation ou du sourire à une immense mélancolie.
Pour cette exposition, Jean-Paul a choisi quelques toiles seulement de chaque série. On y trouve des couples, soit côte à côte, soit en tête à tête, ou bien dansant, ou encore aux bras entrelacés et formant une sorte de tissage humain. Il y a aussi la série des femmes-girafes au style précolombien dans des dégradés de violine et de bleus ou soudain multicolores et énigmatiques sous une pluie d’étoiles filantes dans un ciel pourpre. Tout semble d’ailleurs prétexte à la couleur qui explose à chaque toile, étale en vert ou rouge lumineux, ou décomposée en vitraux plus intimistes. On est quelque peu troublé par ces dizaines de silhouettes penchées sur notre passage. Mais si en partant, l’on croise le regard de Jean-Paul Perrenx, debout là entre les deux visages géants, on est frappé par l’étrange similitude de son regard doux et ouvert avec tous ceux aperçus là. Qui sont-ils donc pour lui, ces demi-frères éternellement perdus et retrouvés ? Son reflet ou son double ? »
Exposition à Cluny en 1986
Extrait d’un article de Claude Mellul: «Cinquante-trois toiles sorties d’un laboratoire de rêve. Toutefois, cela n’a rien d’une pâle réminiscence du surréalisme, tout est parfaitement figuratif, mais chaque objet, chaque personnage subit les torsions et les métamorphoses du songe, l’oiseau envahit le ciel, le bateau s’incurve, le lourd ne pèse plus. Et on appréhende cet univers exactement comme on le ferait d’un rêve, dans la double paradoxale sensation de se retrouver à l’intérieur d’un monde à la fois connu et radicalement étrange. Il semble que le réel, absorbé par le regard, redimensionné par l’inconscient, ressort désormais beaucoup plus vrai et beaucoup plus beau.
Dans cette guirlande onirique, les thèmes se multiplient, illimités, tout est prétexte à peinture. Quelques-uns, cependant prédominent et s’installent dès qu’ils trouvent une petite place libre sur la toile, la nature par exemple, et notamment le ciel et l’eau, qui envahissent de leur fluidité à peine distinguées une grande partie de l’œuvre. Les animaux qui rassemblent un bestiaire mélangé de renards, de singes, de chevaux et de chats. Mais le thème le plus obsédant est sans doute celui de la femme, dans sa magie rayonnante. Elle règne, mais d’un règne mystérieux de pénombre, de suggestion et d’idéal, probablement inaccessible dans le mirage de ses contours.
Dans sa représentation du monde, Jean-Paul Perrenx est armé de toutes les maîtrises, tous les procédés lui sont familiers, mais l’exposition de la Malgouverne permet de dégager une certaine cohérence stylistique. Tout en restant profondément lyrique, fantastique et quelque peu torturé, son travail enfiévré garde des aspects de l’art naïf. Il y a un goût d’enfance resurgie, une candeur joyeuse qui simplifie les silhouettes et met le feu aux couleurs.
Il s’agit bien d’un art spontané. L’œuvre n’est jamais l’aboutissement d’une longue élaboration, elle jaillit. Il n’y a aucun préalable, ni esquisse, ni recherche de composition. A voir travailler ce peintre, on a l’impression que l’œuvre naît miraculeusement de la caresse du pinceau sur la toile, comme si lui-même ne contrôlait rien, débordé par la vitalité de sa force créatrice […] »
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